Jacques Martin est décédé à l'âge
de 88 ans. Il était l'auteur de la BD Alix et le dernier grand représentant de l'école de Bruxelles.
Jacques Martin était né à Strasbourg en 1921. Orienté vers les Arts et Métiers, il reçoit un enseignement technique, une formation rigoureuse qui lui permettra de devenir le dernier grand
représentant de l'école de Bruxelles qui s'est formée après guerre autour du journal Tintin.
Jacques Martin entame sa carrière de dessinateur à 25 ans, en créant "Monsieur Barbichou", pour l'hebdomadaire "Bravo". Il multipliera ensuite les collaborations éphémères, mêlant l'art de la bande
dessinée et celui de l'illustration. Jusqu'en 1948, il alterne séries réalistes et humoristiques. Dès 1948, il a côtoyé Hergé et E. P. Jacobs. Concevant le personnage d'Alix cette année-là
également, il a collaboré 19 ans pour les studios Hergé.
D'après la maison d'édition Casterman, c'est la lecture de "Salammbô" de Gustave Flaubert qui va éveiller la passion de Jacques Martin pour l'Histoire, "un véritable tournant dans sa vie au moment
où il était à la recherche d'une idée à présenter au journal Tintin".
Jacques Martin a ainsi fondé un genre: la bande dessinée historique rigoureusement documentée. Plongé dans l'Antiquité romaine avec Alix, il fait évoluer plusieurs de ses autres héros dans le
Moyen-Age, notamment Jhen et Arno.
Jacques Martin a aussi signé les aventures du reporter Guy Lefranc.
Atteint d'une affection oculaire à la fin des années '80, Jacques Martin avait fait appel à plusieurs collaborateurs pour poursuivre son oeuvre qui sera perpétuée. Au milieu des années '90,
l'auteur, assisté de ces collaborateurs, a également lancé Les Voyages d'Alix, une série d'ouvrages pédagogiques (aux formats d'une bande dessinée) sur les univers et les civilisations dans
lesquels vivaient ses héros.
Jacques Martin a vendu plus de 15 millions d'albums traduits en 10 langues. L'homme avait également été distingué à de nombreuses reprises dans des festivals de bande dessinée. Il a ainsi obtenu le
Grand Prix Saint-Michel en 2003 au festival de Bruxelles et le Prix de l'oeuvre réaliste française en 1978 à Angoulême pour Le Spectre de Carthage (Alix).