Au royaume des petits rigolos de la pop française des années
1980, les Lyonnais de L’Affaire Louis’ Trio ont été assurément les plus gracieux. Jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que, derrière l’apparente superficialité de leurs tubes addictifs - « Chic planète »,
« Tout mais pas ça » - sommeillait une authentique sensibilité et le sens de l’écriture populaire qui va avec. En témoigne leur chef-d'oeuvre Mobilis in Mobile de 1993. Le groupe, séparé en 1999,
laisse place à la carrière solo du chanteur Hubert Mounier (alias Cleet Boris).
En 1982, le duo lyonnais des frères Hubert et Vincent Mounier recrute, par petite annonce, le claviériste François Lebleu (alias « Cleet Boris »), afin de compléter leur groupe Cleet Boris (navrant
jeu de mots). Hubert conserve alors cette dernière appellation comme pseudonyme, son frère, bassiste, devenant Karl Niagara. L’Affaire Louis' Trio est née.
Une chic planète...
Même s’ils participent au Printemps de Bourges (1985) et sont lauréats du concours Rock Envol (1986), c’est le temps des vaches maigres : le groupe n’est alors qu’une attraction régionale. Leur
premier album (Chic Planète, 1987) les installe durablement sur la trajectoire du succès. Une étourdissante succession de hits (« Chic planète », « Tout mais pas ça ») en font un groupe de joviaux
musiciens, aux refrains roboratifs et pas compliqués. La pochette est l’œuvre du dessinateur Yves Chaland, évidente connexion de Cleet Boris, qui mène, parallèlement à la chanson, une carrière
d’illustrateur.
On leur confie alors les premières parties de deux Alain : Chamfort (au Casino de Paris) et Bashung (à l’occasion d’une tournée… égyptienne). Ils sont en 1987 gratifiés de la Victoire de la Musique
dans la catégorie « Révélation de l’année ».
... Un café...
En 1988 est édité leur deuxième album, Le Retour de L'Âge d’Or. Dans un conditionnement proche de la bande dessinée (partie intégrante de l’univers du groupe), les 45-tours « Succès de larmes » et
« Bois ton café » sont de nouveaux tubes. L’album suivant s’intitule Sans Légende : entre une berceuse, l’évocation de la mort du père Mounier (abattu lors d’une fusillade dans un bar
lyonnais en 1976), l’allusion à des séparations (« Chacun de son côté ») et un hommage à Charles Trenet (« Sous la Lune »), les comiques ont le blues.
En 1993, l’un des sommets du groupe (Mobilis in Mobile, « mobile dans le mobile », suivant la devise du Capitaine Némo) est une évocation du célèbre héros de Jules Verne et du roman 20 000 lieues
sous les mers. L’inspiration, le travail méticuleux sur les arrangements dégraissés, l’attention portée aux paroles des chansons, cisèlent un vibrant hommage aux aventuriers de l’imaginaire.src
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